jeudi 26 avril 2012

Near Death T1 : Nettoyage de bilan


Paru chez Atlantic BD en France (Image aux USA), Near Death est une nouvelle série écrite par Jay Faeber et dessinée par Simone Guglielmini.
Ce polar a un pitch de départ plutôt surprenant : après s'être fait tiré dessus, Markam, un tueur professionnel, se retrouve entre la vie et la mort (d'où le titre) et revoit furtivement toutes les personnes qu'il a tuées dans sa vie.
Il décide alors de "rééquilibrer la balance" et de faire le bien autour de lui. 
Il commence donc par s'occuper de son ancienne cible, toujours menacée par son ancien employeur, ce qui ne sera pas du goût de ce dernier...




Les cinq premiers numéros de ce premier tome constituent une présentation solide du personnage principal ainsi que de son univers. L'histoire , ponctuées de nombreuses scènes d'action, est passionnante et permet de voir le comportement de notre "héros" dans des situations variées. 
 Il se retrouvera donc face à plusieurs choix difficiles comme protéger un ancien pédophile ou encore une flic intègre, avec qui il a un lourd passé, contre ses collègues ripoux. Voila l'univers de Near Death : brutal, injuste, corrompu et crasseux. L'ambiance de polar noir est très réussie et renforcée par les décors très travaillés d'une Seattle plus vraie que nature. 
Enfin, les subplots et l'histoire principale se lient intelligemment et constituent un tout cohérent.

Markam est un personnage vraiment convaincant : tout en complexité, il commence à essayer de faire le bien, plus par peur de l'enfer que par conviction, puis se surprendra à aimer jouer le bon samaritain. 
Les personnages secondaires ne sont pas très travaillés mais permettent plutôt d'étoffer Markam. Les relations entre les personnages sont, par contre, intéressantes et les dialogues sonnent justes (on voit que l'auteur travaille aussi dans le milieu des séries télé).

Au niveau du dessin, Guglielmini fait un travail  remarquable : la narration est efficace, les scènes d'actions fluides et lisibles. De plus, la coloration colle parfaitement au ton général de la série et contribue grandement à le renforcer. Bref, un sans faute artistique !

On pourra aussi noter les quelques bonus de l'album (couvertures, dessins préparatoires et notes du scénariste) qui s'avèrent toujours  sympathiques pour mieux comprendre le processus créatifs des auteurs.


En résumé :

Near Death s'avère être une nouvelle série prometteuse avec de nombreux atouts. Le personnage principale est charismatique, le récit va à mille à l'heure et l'ambiance générale est soignée.
C'est donc une série à suivre, si vous aimez un tant soit peu les polars.














jeudi 19 avril 2012

Doggybags T2

Le label 619 publie aujourd'hui le deuxième tome de Doggybags ! Doggybags c'est quoi ? C'est un projet initié par Run qui tente de faire renaitre de ses cendres l'esprit des comics pour adultes des années 50 (avant l'arrivée du Comics Code Authority) et des films Grindhouse (séries B américaines qui misaient surtout sur les bas instincts des spectateurs pour les attirer en salle)
Attendez vous donc à des histoires sans tabou, pleines de violence et de sexe !

Avant de les traiter en elles-même, attardons nous tout d'abord sur le travail éditorial : 
il est particulièrement réussi ! On a ainsi droit à une couverture par histoire,à un vrai-faux courrier des lecteurs,  à des pubs factices franchement drôles, à de petits textes explicatifs en rapport avec les histoires racontées (qui permettent de bien saisir leur contexte et qui sont vraiment intéressants) et enfin, à un poster en fin de volume ! Tout est fait pour nous plonger dans l'ambiance "Grindhouse" et c'est vraiment efficace.


Comme dans le précedent volume, trois histoires nous sont proposées :

La première histoire, Elwood and the 40 freak bitches, est écrite par Ozanam et dessinée par Kieran.
Elwood, employé lambda d'une station-essence d'une petite ville perdue au fin fond du Texas, perd son temps...Sa vie va basculer suite à l'arrivée d'une bombasse peu farouche.
Ce récit est le meilleur de l'album : on suit avec un réel plaisir les aventures de ce bouseux yankee et de ses potes, fans d'ufologie. Le narration est très efficace, les dialogues sont au poil, et l'auteur brouille les pistes sur la réalité du complot que combat le héros. Il nous force donc à nous faire notre propre idée de la réalité des choses et on peut lire l'aventure complètement différemment selon le coté que l'on choisit. 
Kieran assure le job avec des scènes d'action très lisibles, un découpage efficace et des décors détaillés qui rendent hommage aux paysages texans.
Bref, une excellente aventure aussi bien au niveau scénaristique que graphique !

La deuxième histoire s'intitule The Border, écrite par Run et dessinée par Guillaume Singelin.
Trois miliciens américains attendent le long de la frontière mexicano-américaine dans le but d'arrêter d'éventuels immigrés.
Ici encore, les dialogues sont vraiment criant de vérité et nous plongent directement dans la vie de ces mercenaires "patriotes". Ils contribuent aussi à créer une forte ambiance accentuée par de magnifiques paysages du désert mexicain : c'est simple, on s'y croirait !
Le dessin cartoony de Singelin est toujours aussi singulier et crée, comme dans The Grocery, un décalage intéressant avec la violence de l'histoire racontée.
Enfin, la fin, en plus d'être surprenante, introduit avec malice une des légendes mexicaines les plus connues.

Une très bonne histoire avec une énorme ambiance et un dessin au top : que demander de plus ?


Vol Express 666 est la troisième et dernière histoire de l'album, écrite par Run et dessinée par Bablet.
Un vol commercial part de Memphis pour rejoindre San José...Le décollage se passe bien mais peu après un intrus entre dans le cockpit, deux marteaux à la main.
J'ai trouvé que cette histoire était la plus faible de l'album :
le scénario est en effet tiré d'un fait divers, et, malgré une bonne conclusion, parait un peu court pour constituer une histoire complète. Le récit constitue plus un prétexte qui permet au dessinateur de s'éclater et d'aller dans le gore sans modération !
Le coté psychologique n'est quand même pas oublier puisque l'on découvrira la personnalité et la vie de cet agresseur ainsi que les motivations de son attaque.

Un récit sympathique fort en hémoglobine mais au scénario trop court pour arriver au niveau des deux précédents.

En résumé :

Sexe, violence, racisme ou encore vengeance vous attendent dans ce très bon deuxième volume de Doggybags !
Trois bonnes histoires soutenues par des dessinateurs talentueux et qui traitent à leur manière de la société américaine : c'est à ne pas rater, surtout quand le fun et une ambiance de folie sont aussi de la partie !


Ps : si vous n'êtes pas encore convaincus, regardez la bande annonce démentielle tournée pour la sortie de l'album :


lundi 16 avril 2012

Spiderman 147 : Le voyage fantastique


Chers lecteurs,

Parlons un peu de notre super-héros préféré à tous, Spider-Man, dans cette nouvelle revue n°147 du mois d’avril, après un n°146 un peu déçevant, rempli de pas mal de petites histoires bouche-trous et insipides.

Ici, après avoir admiré une très belle couverture avec Spider-Man dans son nouveau costume blanc et noir de la Fondation du Future (en fait Les 4 fantastiques avec Spidey en lieu et place de Johnny Storm alias La Torche qui, je le rappelle, est mort en zone négative il y a quelque temps), vous pourrez voir que ce mois-ci nous ne sommes pas inondés d’histoires inutiles, puisque nous avons seulement 2 histoires en 2 parties chacune, et en toute fin de numéro 3x2 pages d’Infestation (Stades 1-2-3) qui servent de prélude à l’événement, THE event Spider-Man à venir, dont vous avez sans doute entendu parler peut-être sans trop savoir de quoi il s’agira, et que vous lirez dans quelques mois en VF, à savoir Spider-Island !

Dans la première histoire, intitulée « Le voyage fantastique », je dirais que la première partie se veut un peu faiblarde, Spider-Man et ses coéquipiers se trouvant sur une île malmenée par la présence d’une espèce de pirates-zombies. Si vous êtes dans le délire des zombies très en vogue en ce moment, vous apprécierez la castagne entre nos héros et ces créatures. Cependant, la deuxième partie remet un peu les choses en place dans un univers que l'on connaît mieux, en faisant s’affronter deux belles équipes : 
les FF (Future Fondation) et leurs gamins surdoués contre les « Sinister Six ». Les quoi ? Voyez plutôt de qui l’équipe est composée : Dr Octopus, Electro, Caméléon, Mysterio, L’Homme Sable et Rhino ! Eh oui, rien que ça. 
En parallèle à ces affrontements vous pourrez voir Carlie Cooper, la petite amie actuelle de Peter Parker, qui continue de se poser des questions sur l’attitude mystérieuse et les absences répétées de son amoureux.
Leur couple résistera-t-il aux non-dits ?  

Vient ensuite la seconde histoire, intitulée « Le Remplaçant ». Ce remplaçant n’est autre que notre cher Spider-Man (qui pour cette aventure retrouve son costume habituel) qui va devoir remplacer pour quelques jours Giant Man en tant que professeur essayant de remettre dans le droit chemin des jeunes qui auraient pu devenir des super-vilains très puissants sous l’emprise de Norman Osborn, mais qui sont désormais sous l’aile de l’Académie des Vengeurs. Peter avait adoré être professeur de sciences dans sa vie civile, mais se rendra vite compte que ses actes comptent plus que ces mots, et emmènera en patrouille nos jeunes vengeurs. Malheureusement Psycho-Man, super-vilain déjà connu de Spider-Man, prend possession de l’esprit des jeunes en leur insufflant doute, peur, et colère… et leur fait semer le chaos.
Je vous laisse découvrir comment Spidey va en découdre, lors de cette baston de super-pouvoirs de toutes les couleurs.

Dans ces deux histoires où la majorité des pages sont consacrées à des scènes de bagarre, le dessin est très propre, très fluide et les combats vont dans tous les sens. On n’est pas déçu.

Enfin, enfin… Viennent les six dernières pages venant intelligemment cueillir notre curiosité. Infestation « Stades 1-2-3 », présente trois situations sur  une double page qui introduisent efficacement l’event à venir, et surtout nous donne l’envie d’en savoir plus !

En conclusion, un numéro bien sympathique qui a su dans mon cas effacer la déception du 146, en étant très dense malgré peu d’histoires, et c’est tant mieux ! Si le mois d’avril est celui des Vengeurs (vous n’échapperez pas à la pub pour le film dans les revues du mois), il est aussi un bon mois pour la revue de notre homme-araignée !

R.V

samedi 14 avril 2012

Batman : Sombre Reflet T2

Deux petits mois après la sortie du premier tome contenant les 6 premiers numéros, Urban Comics nous livre déjà la très attendue suite et fin du run de Scott Snyder (accompagné de Francavilla et Jock au dessin) sur Detective Comics. Voyons tout de suite si ce deuxième tome arrive à se maintenir au niveau qualitatif du premier...

Nous reprenons donc ici l'histoire là où on l'avait laissée : 
Le fils au passé trouble du Commissaire Gordon, James, est de retour en ville et tente de persuader son père qu'il est rentré dans le droit chemin... mais celui-ci reste méfiant et, malgré un manque d'objectivité flagrant, tente d'en savoir plus sur les agissements et les objectifs de son fils.
Quant à Dick, après avoir réglé son compte au Priseur, il va devoir s'occuper d'une affaire qui va réveiller en lui de tragiques souvenirs familiaux...

La première partie du récit se concentre sur Dick et son enquête. Si celle-ci demeure relativement classique (comme l'enquête sur le Priseur dans le premier tome d'ailleurs), elle n'en est pas moins passionnante : bénéficiant d'une narration particulièrement efficace, cette histoire est menée tambour battant et mélange avec succès action et investigation avec une pointe de drame. Elle a aussi le mérite de développer le personnage de Dick au travers de ses attitudes et dialogues (qui sont par ailleurs excellents). Snyder réussit à lui donner une personnalité propre qui fait de lui bien plus qu'un ersatz de Bruce Wayne.
Notons aussi le travail de Jock, qui, comme dans le premier tome, livre un storytelling remarquable et réussit à donner à Gotham une personnalité bien à elle.

La deuxième partie se concentre sur l'enquête du Commissaire Gordon. Ici aussi, l'intrigue est vraiment efficace et l'ajout de l'évasion du Joker est une bonne idée qui contribue à rendre l'histoire non linéaire et à multiplier les fausses (?) pistes. Mais ce qui frappe ici, c'est la capacité qu'à Snyder à tisser des relations "vraies" entre ses différents personnages (la relation père/fils entre Jim et James est à la fois émouvante et dramatique) et à faire monter la pression au fur et à mesure du récit jusqu'à une confrontation finale dantesque ou les révélations se multiplient.
On pourra aussi se souvenir d'une scène entre Dick et le Joker particulièrement malicieuse et de l'intégration réussie d'éléments importants de la continuité de l'univers de Batman dans l'histoire.
De plus, en seulement quelques numéros, le scénariste arrive à créer un "vilain" (en la personne de James) particulièrement intéressant, avec une personnalité et un mode de pensée bien singuliers.


Seul (petit) bémol, j'ai noté deux incohérences mineures (que je ne révélerai pas ici pour ne rien spoiler, mais elles concernent le domaine chimique et médical) mais qui sont vite oubliées face aux nombreux points forts de ce run.


En résumé :

Ce deuxième tome ne perd pas en qualité et nous propose un récit efficace et bien écrit, soutenu par des artistes de haut niveau. La fin est particulièrement jouissive et on attend de savoir si Snyder va en répercuter les conséquences dans la nouvelle série Batman...
En attendant, je vous conseille très fortement l'achat de tome (et donc du run dans sa globalité) : il serait vraiment dommage de rater une des meilleures histoires de Batman parues ces derniers temps !

vendredi 6 avril 2012

100 % Marvel : 5 Ronins

Panini sort le grand jeu avec la mini-série 5 Ronins publiée en format 100% avec cinq couvertures différentes (une par héros) ainsi qu'en format Graphic Novel. Mais vaut-elle seulement cette attention particulière ?

Cette mini-série, écrite par Peter Milligan, met en scène cinq héros : Wolverine, Hulk, le Punisher, Psylocke et Deadpool,  réinventés dans le Japon féodal du début du 17ème siècle. Chaque numéro est dessinée par un artiste différent. On retrouve ainsi Tomm Coker, Dalibor Talajic, Laurence Campbell, Goran Parlov, et Leandro Fernandez.

Chaque numéro raconte l'histoire d'un personnage et peut être lu indépendamment des autres. Néanmoins, certains d'entre eux se croiseront et un fil rouge se dessinera au fur et à mesure des numéros pour constituer un véritable récit à la fin de l'album. Celui-ci, si il n'est pas dénué d'intérêt, sert surtout de prétexte pour nous montrer nos héros favoris dans une nouvelle époque. 

La réinterprétation de chaque personnage est vraiment bien écrite et leur caractère et motivations sont intelligemment transposés. Les pouvoirs de chacun d'eux sont, eux aussi, transformés de belle manière, pour coller à ce nouvel environnement, réaliste et mature. On retrouvera, par exemple, une explication malicieuse du pouvoir régénérant de Wolverine ou encore un Punisher transformé en samouraï au code d'honneur implacable.
Le récit sur Hulk est par contre le plus faible de l'album : la faute à une histoire peu passionnante et à une transposition moins convaincante (mais il faut reconnaître que c'est un personnage difficile à adapter dans un monde réaliste).
L'univers dans lequel s'inscrit le récit et par contre particulièrement bien développé et l'ambiance est réellement la ! Au cours de ces cinq numéros, on pourra ainsi croiser ronins, geishas et samouraïs dans des décors magnifiquement détaillés et variés (rizière, forêt de bambous, ryokan ou encore pagode...).
Le redesign des héros est remarquable et on ne peut que saluer le travail des cinq artistes sur la série (mention spéciale à Tomm Coker et Laurence Campbell, indéniablement au-dessus des autres). 
A noter que Panini a jugé bon de nous présenter les croquis préparatoires de chaque personnage en fin d'album : une bonne initiative qu'il convient de faire remarquer.






En résumé : 

Si elle ne brille pas vraiment par son scénario, 5 Ronins bénéficie d'une ambiance et de dessins de qualité. La réinterprétation des cinq personnages choisis est intelligente et bien pensée, que ce soit au niveau de leur essence même ou de leurs pouvoirs.
Bref, une mini-série originale qui, si elle n'est pas indispensable, s'avère agréable à lire et sympathique.




mardi 3 avril 2012

Flashpoint 2 : Batman Knight of Vengeance

En ce fin du mois de mars, Urban Comics nous propose Flashpoint 2 comprenant les numéros 2 et 3 de Flashpoint, mais aussi et surtout la mini-série Batman : Knight of Vengeance. Je n'ai pas du tout suivi l'event de DC et cette critique se consacrera donc uniquement sur le "What if ?" réalisé par Brian Azzarello et Eduardo Risso (les créateurs de la série 100 Bullets parue chez Vertigo).
Pour partir sur de bonnes bases, rappelons rapidement en quoi consiste un "What if ?" :
pour faire simple, c'est une histoire qui se déroule dans un univers qui aurait existé si la continuité d'un personnage avait été changée (dans un univers parallèle en somme).


On retrouve donc, dans cette mini-série en trois parties, Thomas Wayne sous le costume de Batman. Il apprend par le commissaire Gordon que les enfants d'Harvey Dent (!) ont été kidnappés par le Joker et décide de se lancer à sa poursuite afin de les sauver...

En trois numéros seulement, Azzarello se paye le luxe de remodeler l'univers de Batman avec intelligence.
Il est difficile d'en dire plus sans trop spoiler, mais on s'amusera à comparer les liens entre les différents protagonistes du récit (Cobblepot, Sélina etc...) et la place qu'ils occupent avec ceux de l'univers original.
Le personnage de Thomas Wayne est taciturne et grognon et incarne ici un Batman violent qui n'hésite pas à tuer ses ennemis. Mais l'auteur ne sombre pas dans la facilité : le caractère ainsi que chaque acte qu'accomplira Wayne seront en effet expliqués dans des flashbacks de son passé, donnant au personnage et au récit une cohérence et une profondeur maitrisées.
Cerise sur le gâteau, le scénariste réussit avec brio à redéfinir les origines du Joker et à donner à la relation qu'il entretient avec Batman un coté vraiment triste et dramatique qui fera verser une petite larme aux plus endurcis d'entre vous...
On pourra aussi noter l'ambiance particulièrement glauque et sombre du titre, appuyée par le style des dessins de Risso et la colorisation particulièrement réussie de Patricia Mulvihill.

En résumé :

Cette mini-série est véritablement une très bonne surprise !
En trois numéros, Azzarello réussit une relecture intelligente et cohérente de l'univers de Batman, apportant à la relation Batman/Joker une facette réellement surprenante qui prendra aux tripes même les lecteurs les plus chevronnés du Chevalier Noir !
Reste à savoir si vous êtes prêts à dépenser 5,60 euros pour trois numéros, mais si vous lisez aussi Flashpoint, la question ne se pose même pas. Foncez, vous ne serez pas déçus !


dimanche 1 avril 2012

Batman : Amère Victoire


Chers lecteurs,

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je répondrai d’abord à une question simple mais qu’il faut quand même se poser avant d’acheter ce titre (où n’importe quel titre d’ailleurs) à l’aveugle : Batman – « Amère Victoire », c’est quoi ? Cet album n’a rien à voir avec les titres « Nouvelle Aube » ou encore « Sombre Reflet » (dont le tome 2 paraîtra le 13 avril) déjà publiés récemment par Urban Comics. En effet il s’agit d’une histoire plus ancienne, que notre nouvel éditeur chouchou a eu la bonne idée de publier, fort de leur acquisition récente du catalogue DC Comics. Cette histoire est une suite (un an plus tard) d’un des récits majeurs du Batman moderne, à savoir « Long Halloween », une œuvre que l’on doit déjà au duo Jeph Loeb – Tim Sale, qui fût par ailleurs d’une grosse influence dans l’atmosphère des films de Nolan, en mettant au centre de l’histoire non plus seulement les super-vilains de Gotham, mais aussi sa pègre et sa police plus ou moins corrompue. Bien que préférable, il ne me semble pas « essentiel » d’avoir lu « Long Halloween » avant de lire « Amère Victoire », car comme toujours Urban fait le boulot en début d’album, présentant un bon résumé de la précédente histoire et du contexte actuel. On passera sur l’introduction de Tim Sale, qui n’a pour moi d’intéressant que le dernier paragraphe, dans lequel le dessinateur explique rapidement sa façon de dessiner, qu’on peut ensuite apprécier encore plus en ayant ces propos en tête.

Passons maintenant au récit en lui-même. Comme je l’ai dit précédemment, l’histoire commence un an après l’arrestation d’« Holiday », qui n’est officiellement (vous saurez pourquoi je dis « officiellement » si vous avez lu « Long Halloween ») autre qu’Alberto Falcone (fils de Carmine, le big boss de la pègre de Gotham aujourd’hui mort), qui avait fait le grand ménage dans Gotham City, décimant ces familles mafieuses. Cependant, la victime majeure de ce récit fut Harvey Dent, défiguré par l’acide que lui a jeté au visage Salvatore Maroni, le rival de Falcone, transformant en Double-Face ce procureur si intègre en qui Batman, Gordon et tout Gotham avait fondé tous leurs espoirs. Cependant Gotham est, un an après cette affaire, à nouveau le théâtre d’une série de meurtres, côté flics cette fois, avec ce même procédé en fonction du calendrier qu’utilisait Holiday, et de sombres jeux de pendus comme seuls indices, laissés sur le corps des victimes. Vous l’aurez compris, l’atmosphère est la même que dans « Long Halloween », avec des flics corrompus et des mafioso à la gâchette facile. L’intrigue est très bonne, digne des bons thrillers dont Jeph Loeb a le secret, même si elle ne parvient pas à égaler le chef d’œuvre « Long Halloween ». De plus, Loeb se fait plaisir et nous fait plaisir en faisant collaborer plusieurs de nos vilains préférés, et faisant apparaître le personnage de Robin d’une très très belle manière (vous pourrez notamment voir une magnifique scène « flash-back » montrant comment Bruce Wayne et Dick Grayson sont finalement si proches l’un de l’autre). Côté dessin, comme il l’explique dans son introduction, Tim Sale réussit de magnifiques planches avec de très grandes vignettes dont il explore parfaitement la profondeur et l’espace, accentuant très intelligemment la dramaturgie de l’histoire. Cependant, j’ai quelques réserves sur sa façon de dessiner Catwoman, que je trouve (c’est une pure affaire de goût personnel) assez laide. Malgré tout il a tout compris à l’ambiance installée par Jeph Loeb, et il la dépeint parfaitement.

Pour conclure, ce gros pavé qu’est « Amère Victoire » ne vous laissera pas sur votre faim, grâce à une histoire très prenante et orchestrée d’une main de maître, par un maître. Côté « bonus », vous trouverez à la fin de l’album quelques croquis d’essais de Tim Sale pour les personnages et pour les couvertures, ainsi qu’une mini-histoire, « Chevalier Servant », écrite par Darwin Cooke en 2004 et qui fait quelques pages, n’ayant pas grand intérêt sinon celui de montrer une nouvelle fois l’ambigüité qui règne entre Batman et Catwoman (que je trouve ici magnifique, pourtant toujours dessinée par Sale). Finalement l’un des rares défauts de cet album sera son prix, 35€ (oui, ça peut faire mal au porte-feuilles), mais pour plus de 400 pages de Chevalier Noir, dans lequel vous ne regretterez pas d’avoir investi.

R.V