Retour sur le 100% Red Skull : Incarné, contenant la mini-série en 5 numéros écrite par Greg Pak (à qui l'on doit notamment Magneto : le testament) et dessiné par Mirko Colak.
Comment Johann Schmidt est-il devenu l'incarnation du Mal que l'on connait ? Cette histoire va nous plonger dans la sombre Allemagne des années 20 à 30 et nous narrer l'évolution de ce jeune orphelin, qui tente tant bien que mal de survivre...
Raconter les origines d'un personnage aussi emblématique que monolithique (être le "nazi suprême" n'aide pas à être caractériser subtilement) s’avérait être un défi de taille pour Greg Pak...mais force est de constater que l'auteur a réussi son pari en donnant une histoire forte et une véritable épaisseur au personnage !
Pak ne tombe pas dans l'excès ou la caricature, écueils principaux de ce type d'ouvrage, et nous propose une description très juste de Schmidt et de sa psychologie. Nous n'aurons donc heureusement pas le droit au vilain caricatural qui est "méchant" sans raison...Au contraire, il agit toujours de manière réfléchie ce qui met en lumière son intelligence mais aussi, et surtout, sa facilité à manipuler les gens et son côté "prêt à tout" pour arriver à ses fins.
De plus, certains passages dans le récit sont réalisés dans le but de nous donner une sensation d'empathie envers le personnage, pour être un peu plus tard horrifié par les choix de ce dernier. Ce "grand huit émotionnel" est vraiment bien réalisé et a le mérite d’interroger le lecteur sur les choix qu'il aurait pu faire à cette époque. On peut aussi ce demander si, au final, cet orphelin ne serait pas devenu complètement autre chose s'il n'avait pas connu cette époque mais, sur ce point, chacun est libre de penser ce qu'il veut...
L'ambiance est sombre et pesante et toute l'histoire se déroule dans un contexte historique bien retranscrit. On voit que l'auteur s'est très bien documenté sur l'époque en question. Cela ajoute donc une valeur non négligeable à l'ouvrage, et peut être, remémorera quelques faits historiques à certains lecteurs.
Colak et son style européen plutôt sobre servent le récit avec intelligence. Les expressions faciales des personnages sont d'ailleurs très réussies et le chara-design de Schmidt permet un attachement dérangeant pour le lecteur, mais qui, encore une fois, appuie la narration et le propos de l'auteur avec brio.
Notons aussi une reconstitution minutieuse de l'époque avec des décors et surtout des uniformes plus vrais que nature.
En bonus, vous retrouverez les magnifiques couvertures de David Aja, inspirées des affiches de propagandes de l'époque. Du grand art !
En résumé :
Une solide mini qui raconte avec intelligence l'évolution d'un enfant à travers l'une des époques les plus sombre de notre Histoire. Un portrait équilibré qui évite l'écueil de la caricature et apporte une réelle profondeur à ce méchant culte, le tout porté par un dessin adéquate et une reconstitution historique de qualité ! Si ce personnage vous intéresse, ne ratez surtout pas cette mini !