Un mois seulement après la sortie du premier album, Urban Comics continue sur sa lancée avec la publication de la suite du run de Grant Morrison paru initialement dans Batman (#672-681). C'est parti pour 10 épisodes dessinés par Tony Daniel pour la grande majorité.
Batman continue son enquête sur le Gant Noir, une mystérieuse organisation criminelle qui semble lui en vouloir particulièrement...Mais Bruce est-il seulement préparé aux attaques d'ennemis qui semblent particulièrement bien connaître ses faiblesses ?
Avant d'aborder le scénario, je tenais à aborder un point particulier important : l'écriture de Morrison est synonyme pour beaucoup de personnes de récit difficilement abordable voir incompréhensible. Cette rumeur est fausse ! S'il est vrai que l'auteur aime multiplier les fausses pistes et laisser le lecteur se poser des questions, une lecture attentive ainsi qu'un bon travail éditorial (ce qui est le cas ici) permettront à tous la bonne compréhension de cette histoire.
Morrison continue de développer sa vision de Batman à travers une descente aux enfers particulièrement difficile pour notre héros. Il va en effet pousser Bruce dans ses retranchements les plus extrêmes que ce soit au niveau physique ou mental (pour arriver jusqu'à un niveau de déchéance qui m'a fait penser à Born again de Frank Miller, c'est dire...). En effet, Bruce est piégé et mis à mal extrêmement rapidement pour arriver jusqu'à un état où il n'arrivera plus à faire la différence entre ces démons intérieurs, ses rêves et la réalité. La narration de l'auteur est vraiment très efficace : alternant constamment entre le présent, le passé et des hallucinations, le lecteur va se retrouver, comme Bruce, complètement désorienté, à ne pas pouvoir faire distinctement la différence entre ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. On se trouve alors dans le même état psychologique que le personnage ce qui aide fortement l'identification et rend l'immersion dans l'histoire complète. Certes, certains lecteurs seront un peu frustrés de ne pas avoir les réponses à toutes leur questions tout de suite... mais n'est-ce pas justement quelque chose de voulu ? Vraiment très fort de la part de l'auteur, le gros point fort de ce volume !
La caractérisation de Batman est très bonne et l'essence même du personnage se révèle dans les actions et décisions qu'il va prendre au cours des évènements. Son portrait n'est d'ailleurs pas toujours à son avantage. En effet, Bruce est décrit comme courageux, intelligent et ayant une volonté de fer mais l'auteur n'oublie pas pour autant de montrer son côte sombre. Parfois à deux doigts de la folie, on le sent complètement paranoïaque (à tort ?), mais aussi manipulateur, (très) violent et sur de lui. Il fait souvent peur et on se demande si lui aussi n'est pas un dangereux psychopathe.
Un portrait tout en nuances qui ne plaira peut être pas à tout le monde mais qui à le mérite de provoquer le lecteur.
De manière générale, le "recyclage" d'éléments d'aventures passées de Batman est très bien géré et avec finesse : les idées foisonnent tout au long du récit, se mettent en place et forment finalement un tout cohérent avec une étonnante fluidité.
Le "méchant" de l'histoire (lui aussi repris d'une aventure passée) est original et la révélation en fin de tome de son identité laissera la majorité des lecteurs pantois...
Petit bémol, j'ai trouvé la caractérisation du Joker un peu "light", le reléguant à une caricature de ce qu'il est. La faute à un côté "psychopathe" un peu too much. Dommage.
Si l'histoire m'a complètement emballée, je ne peux pas en dire autant des dessins. Passons tout de suite sur le fill-in (d'un épisode seulement) réalisé par Ryan Benjamin. C'est vraiment mauvais, on a même du mal à reconnaitre certains personnages. A vite oublier !
Tony Daniel s'en sort correctement et fournit plutôt une bonne prestation avec un style réaliste (école Jim Lee) et des décors détaillés. Rien de gênant en soi mais je trouve qu'un autre dessinateur aurait peut-être été plus à même de retranscrire l'ambiance sombre et psychédélique de l'aventure...
Côté édition, Urban a bien fait les choses avec une présentation des personnages, des explications sur les références que l'auteur a utilisées et des pages supplémentaires (tirées du mensuel 52) qui permettent une meilleure compréhension de l'histoire par le lecteur. Parfait !
En résumé :
Grant Morrison arrive à plonger le lecteur profondément dans son histoire grâce à une narration particulièrement efficace et une ambiance franchement réussie. Désorienté, bousculé, ce dernier se pose des questions qui le plongeront dans le même état que son héros préféré.
De plus, l'auteur ressort des éléments du passé afin de les moderniser et d'en faire un tout cohérent, ce qui n'était pas une mince affaire !
Seul bémol, le dessin qui, sans être mauvais (loin de là), n'arrive pas à sublimer le scénario de l’écossais.
Dans tous les cas, un moment riche en émotions qu'il ne faudra pas louper.
2 commentaires:
Beau Boulot comme d'abitude.
Merci !
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