dimanche 13 mai 2012

Le tueur de la Green River

Le label Hostile Holster sort cette semaine un polar tiré d'une histoire vraie, intitulé Le tueur de la Green River,  et écrit par Jeff Jensen et dessiné par Jonathan Case.

Tom Jensen est détective au sein de la police de Seattle. Dans les années 80, un tueur en série, le tueur de la Green River, sévit et laisse des dizaines de cadavres derrière lui. Au bout de 10 ans d'enquête, seul Jensen continue à travailler sur l'affaire. 20 ans après le début des meutres, le tueur est finalement confondu et est interrogé par Jensen et ses collègues dans le but de découvrir les vides de l'enquête et ce qui l'a poussé à agir... 


L'histoire est donc une enquête policière retraçant la quête d'un homme (dont le scénariste est en fait le fils) et de ses équipiers pour trouver la vérité entourant vingt années de meurtres répétés.

L'introduction, d'une violence crue, nous plonge directement dans l'ambiance et on a tout de suite envie d'en savoir plus et de continuer à lire. Ce sera le cas pour l'histoire entière et les 234 pages de ce récit s'engloutiront bien vite.

On aurait pu craindre une histoire linéaire mais l’auteur a opté pour un narration efficace : en effet, des allers-retours entre passé et présent permettent de mettre en parallèle les propos du tueur interrogé et les découvertes et ressentis de Jensen. Cela casse le rythme de l'interrogatoire qui aurait pu, à la longue, être ennuyeux et permet, en plus, de voir l'évolution et les réactions d'un homme face à l'horreur des actes commis pendant plus de vingt ans.
Car, si l'auteur réussit à maintenir le rythme de l'intrigue avec brio, il n'oublie pas d'axer le récit sur la psychologie des personnages, tous très intéressants.

Ainsi, le tueur en série est pétrifiant de banalité. Rien, de prime abord, ne pouvait indiquer que cet homme était en fait un psychopathe de la pire espèce et c'est en cela qu'il devient terrifiant. De plus, tout est fait pour le décrire avec le plus d'objectivité possible et ne pas tomber dans la caricature. Et le moins que l'on puisse dire c'est que le portrait est réussi et nous fait osciller entre horreur, dégout mais aussi une certaine forme d'empathie, à certains moments (et c'est ça qui fait le plus peur).

L'autre personnage principale de l'histoire, Jensen, est décrit avec profondeur : on suit le parcours d'un homme "normal" face à l'horreur de ces meurtres et la manière dont il lutte pour arriver à s'en sortir. Le processus d'identification est fort et le portrait complet. On verra toute la difficulté de suivre une affaire de ce type, en passant par l'effroi de la découverte du premier cadavre, les conséquences sur sa personne ainsi que sur sa vie de famille, l'attente et la douleur des proches des jeunes filles disparues ou encore la colère et le désarroi que l'on peut avoir face à des actes que l'on ne comprend pas. Un portrait réellement touchant qui constitue aussi un vibrant hommage du fils à son père.

Niveau dessin, Jonathan case livre un dessin sobre qui correspond parfaitement à l'histoire racontée. De plus, le storytelling est agréable et facilite la lisibilité de l'album (ce qui n'est pas toujours le cas avec le noir et blanc..). Bref, la partie graphique est sans fausse note.

On pourra aussi signaler la présence en début d'album d'une préface de Stéphane Bourgoin, spécialiste des serial killers, qui nous décrit l'affaire avec simplicité. Ce petit bonus sympathique s'avèrera fort utile pour appréhender l'enquête et ses différents personnages.

En résumé :

Ce graphic novel s'avère être une bd de grande qualité. L'intrigue ne perd son rythme à aucun moment. La psychologie des personnage est très travaillée et ne tombe jamais dans le manichéisme. 
C'est l'histoire d'une course poursuite entre deux hommes comme vous et moi. Mais c'est aussi, et surtout, l'histoire sans fin de la lutte du bien contre le mal et le portrait d'un homme exceptionnel. A ne pas rater !

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